Au sommet, la forêt forme autour du cirque d’Epernay une couronne dense, presqu’une frontière. Devant, l’œil se pose sur le village de Hautvillers, berceau du champagne. Le bourg est adossé à la forêt et établi au-dessus du coteau calcaire. Le sous-sol y est constitué de couches d’argile et de sable formant une ligne de sources.
Les distinguez-vous ? Les parcelles de vignes s’immiscent dans les jardins, se diluent dans le lacis des ruelles médiévales. Un crayon semble pointer le ciel : c’est le clocher de l’église abbatiale où est enterré Dom Pierre Pérignon. En ces lieux s’est écrite une page de l’histoire du champagne. Sur la gauche, le mur d’enceinte de l’abbaye cisaille de lumière un entre-deux forestier.
Avez-vous observé le vignoble sur votre gauche, derrière vous ? La pente y est forte et les alignements de ceps y sont plantés perpendiculairement… En cas de fortes pluies, que croyez-vous qu’il s’y passe ?
Les sols des coteaux sont sensibles à l’érosion. Les morceaux de craies jonchant le sol ont tendance à dévaler les pentes. Ainsi, les sols tout en haut peuvent devenir squelettiques. Historiquement, l’homme pratique ici le reterrage, consistant à remonter régulièrement les apports sédimentaires d’aval vers l’amont.
Aujourd’hui, les pratiques ont changé :
Les viticulteurs limitent la longueur des rangs de vignes ;
Ils entretiennent les parcelles pour favoriser l’écoulement transversal et l’infiltration des eaux ;
Ils enherbent les contours, voire les espaces entre les rangées de vignes ; à d’autres endroits, l’herbe est remplacée par du compost d’écorces, du mulch.
Hier « mauvaise » car entrant en compétition avec la vigne, l’herbe est devenue sa compagne : pour le meilleur.